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IV.

Ce qu’il y a de plus beau dans la beauté des formes comme dans la beauté morale des caractères, comme dans la beauté matérielle de la création, c’est ce qu’il y a de plus voilé. Les mystères du corps, du cœur ou de la nature sont les ravissements de l’intelligence, de l’âme ou des yeux. Il semble que Dieu ait jeté une ombre sur ce qu’il a fait de plus délicat ou de plus divin, pour en provoquer le désir par le secret et pour en modérer l’éclat à nos regards, comme il a mis des cils sur nos yeux pour y tempérer l’impression de la lumière, comme il a mis la nuit sur les étoiles pour nous provoquer à les poursuivre de l’œil dans leur océan aérien, à mesurer sa puissance et sa grandeur à ces clous de feu que ses doigts, en touchant la voûte du ciel, ont laissés pour empreinte sur le firmament. Les vallées sont les mystères des paysages. On les pénètre d’autant plus qu’elles cherchent davantage à se recourber, à s’ensevelir, à s’abriter. Telle est l’impression de la vallée de Saint-Point à chaque pas de plus que