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un voleur, sans remercier, sans avertir, sans demander mon compte, parce que je me sentais fautif et que je n’aurais jamais su trouver de bonnes raisons. Mais vous me pardonnerez si je vous ai fait peine ce n’était pas ma volonté. Au contraire, je voudrais vous rendre service si j’en étais capable ; car on aimait bien votre mère dans la montagne, et on en parle encore dans les veillées.

Moi. — Eh bien ! c’est au nom de ma mère que je vous demande de me dire pourquoi vous ne voulez pas travailler pour moi. Voyons, prenez courage : les âmes des hommes sont des cloches du même timbre. Elles rendent, en haut ou en bas de la montagne, le même son. Ce qui est juste pour vous sera juste pour moi. Parlez-moi comme vous parleriez à Dieu. Quelle conscience vous êtes-vous faite pour vous retirer en me laissant ainsi dans l’embarras ?

Lui. — Eh bien, monsieur, le voici. Je me suis dit Claude, tu ne veux pas travailler pour de l’argent ; c’est ton secret, c’est ton idée, personne n’a rien à y voir, c’est vrai. Tu travailles pour les pauvres quand ils n’ont personne pour faire leur ouvrage. En ce moment il n’y a point de pauvres qui t’appel-