Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

démolir, pour ne pas détruire une ville laborieusement bâtie par ces petits architectes du bon Dieu, comme il me le dit après. Des légions de petits lézards apprivoisés montraient leurs jolies têtes éveillées entre les fentes des pierres, ou se poursuivaient dans l’herbe rare, sans craindre de passer sur les pieds, sur les mains et jusque sur les cheveux noirs de l’homme et sur les pattes du chien. On eût dit qu’un esprit de douceur et d’amitié avait mis la confiance et la paix entre toutes les choses et entre tous les êtres de cette petite colonie de la montagne.

XII.

Je restai immobile et involontairement attendri à contempler tout cela. Je craignais maintenant d’y porter le trouble en réveillant Claude pour l’interroger. Si j’avais pu me retirer en silence et sans avoir été aperçu, je serais revenu sur mes pas. Mais, au moment où je me retournais pour aller attendre à la porte de sa cabane le réveil et le retour du tailleur de pierre, son chien flaira le mien. Il se dressa sur ses pattes de derrière en regardant de mon côté, et,