Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je serrai le cordon de mon chien contre moi, et je lui fis signe du doigt de se taire, pour qu’il ne dérangeât pas cette admirable disposition du caprice des chèvres et du hasard de la nature.

XI.

Au pied de ce groupe de pierres et d’animaux, Claude Des Huttes dormait couché sur l’herbe. Un de ses coudes, recourbé sous sa tête, lui servait d’oreiller. Son autre bras était étendu et porté sur le dos d’un chien noir à longues soies, couché et dormant aussi à côté de lui. On voyait qu’il s’était endormi en le caressant. Le soleil, un peu tempéré, tombait d’aplomb, en s’éloignant, sur l’homme et sur le chien, et semblait les pénétrer et tes fondre de ses feux, comme si l’herbe, la pierre et la chair devaient également bénir ses rayons. À côté du chien, cinq ou six moutons, dont la laine d’hiver n’était pas encore tombée sous le ciseau, se tenaient en cercle, leurs têtes basses et concentrées les unes contre les autres, comme les rayons de la roue vers le moyeu, pour se donner réciproquement l’ombre de leur