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de ses premières clartés les hautes branches de son bois de chênes, on se retourne, sans y penser, pour jeter un dernier regard à l’immense scène sur laquelle le rideau noir de la montagne va s’abaisser : le Mâconnais jauni par ses pampres, la Saône glissant comme une longue couleuvre argentée entre ses prés verts, la Bresse toute veloutée de ses moissons et de ses saules, le noir Jura, les Alpes d’or ; et l’on redescend à pente rapide vers l’ancienne ville claustrale de Cluny, abritée comme un nid de hiboux sous les flèches bronzées et muettes des clochers de son abbaye. Mais au pied de la descente du Bois-Clair, la route se bifurque : un de ses rameaux conduit à Cluny à travers des prairies grasses et monotones comme le luxe monacal qui possédait autrefois ces pâturages et ces forêts ; l’autre rameau mène dans les montagnes du Charolais, toutes pleines de bois, d’étangs, de pâturages mélancoliques et de mugissements de troupeaux.

III.

On suit quelque temps cette route déjà pastorale, où l’on ne rencontre que quelques enfants en hail-