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velours sur les coutures, pendait à un clou avec une petite croix d’or ou de laiton sur la poitrine : c’était la seule décoration de la cabane, les lares apparemment de la maison. Un peu plus loin, contre le mur de pierres sauvages, on voyait un petit foyer couvert d’une pincée de cendres blanches de genêts. La fumée, qui avait noirci dans cet endroit les pierres grisâtres, s’échappait par l’interstice de deux blocs de granit ménagé pour cet usage par le hasard, et qui se fermait, quand le foyer était mort, par un bouchon d’herbes sèches. Le reste du plancher de la cabane était recouvert tout entier d’une lisière épaisse et propre de bruyères et de fougères vertes, sur laquelle étaient imprimées en creux les places que les chiens, les chèvres ou les chevreaux avaient affaissées de leur poids pendant la nuit. Pour toute provision, on voyait des régimes de maïs doré de l’an passé, suspendus à une poutre du toit, dont les paysans de ces montagnes font griller les grains sous la cendre des châtaignes écorcées et séchées au four qu’on fait cuire dans du lait ; quelques petits fromages de chèvre, durs comme les cailloux dont ils ont la forme, et un gros pain de seigle entamé, que les taches de moisissure commençaient à