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rieux vignerons de ces coteaux, après avoir changé pendant soixante ou quatre-vingts ans leur sueur en vin, pour nourrir leurs femmes et leurs filles. Une certaine gaieté douce court avec les rayons du soleil, avec les rubans moirés des ruisseaux, avec les reflets blancs des chaumières, avec les chants des faneurs et avec le carillon des cloches sur toute cette campagne. Le ciel est doux, la terre sourit, le passant se dit : J’aimerais à vivre là ! et il s’attriste, sans savoir pourquoi, en laissant derrière lui ce gracieux et lumineux paysage.

II.

À mesure qu’on s’avance vers le pied des montagnes, la vigne cesse, les villages deviennent plus rares ; ils finissent par se disséminer en petits hameaux détachés, ou en groupes de deux ou trois chaumières, de loin en loin, sur les pentes escarpées des prés et des rochers tapissés de buis. Quand on est parvenu au faîte de la montagne dite du Bois-Clair, parce que le soleil du matin, en se levant derrière le Jura et le mont Blanc, frappait sans doute