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la peau, comme si l’on eût marché dans l’avenue d’un mystère. Quelques merles noirs traversaient seuls d’un vol effrayé ce ravin. Mais bientôt il s’éclaircissait, comme si on eût allumé une lampe au-dessus des feuilles transparentes. On apercevait quelques petits pans de ciel bleu à travers les feuilles, comme des morceaux de lapis dans un plafond. Les arbres s’écartaient, le sentier remontait à droite vers le bord de la gorge et vers le jour par une pente rapide. Je laissai à ma gauche quelques flaques d’eau verte au fond de ce qu’on appelle un abîme en langage de montagnes. Quand je fus parvenu au niveau du sol, la demeure du tailleur de pierre était devant moi.

IV.

C’était une masure informe de pierres sèches sans ciment, adossée à un grand bloc carré de roche grisâtre sur laquelle on voyait encore debout, mais sans porte, sans fenêtre et sans toit, les murs de la troisième cabane du hameau des Huttes, que j’avais visitée autrefois. La plate-forme de cette roche, qui avait servi de piédestal à cette hutte de chevrier, était jonchée de tuiles pulvérisées par les pieds des