Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/318

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vit, mais on n’en meurt pas, lui dis-je ; c’est peut-être aussi de l’amour de Denise ?

— Ah ! monsieur, voilà ! Il aimait tant le bon Dieu, celui-là, qu’il ne pensait plus à lui, pas plus qu’une hirondelle qui vient de sortir de sa coquille, et qui ne saurait pas manger si sa mère ne lui apportait pas un moucheron dans le nid. Il n’avait rien ramassé pour les années de maladie ; il travaillait pour l’amour de Dieu dans tous les hameaux. Il disait seulement à ceux dont il avait fait l’ouvrage : Si je viens à devenir infirme ou malade, vous me nourrirez, n’est-ce pas ?

Et en effet, monsieur, il eut la iambe cassée et l’épaule démise en relevant le toit de la cabane de la veuve Baptistine, qui s’était éboulée la nuit sur elle et sur ses enfants ; et en leur sauvant la vie, il perdit la sienne.

— Mais tout le monde eut bien soin de lui, n’est-ce pas, dans sa dernière maladie ? car on est bien charitable dans le pays, surtout quand il ne faut pas débourser un pauvre liard ?

— Oh ! oui, monsieur, on le reporta sur un bran-