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beaux sapins où Denise venait autrefois m’apporter ma mérende, un découvert en voûte creux comme une caverne, d’où je tirais des blocs épais, carrés, sains et jaunes comme du beurre, qui auraient suffi à construire un pilier de cathédrale. J’avais retrouvé mes bras de dix-huit ans. À chaque coup de pic, je me disais, en voyant tomber ma sueur en gouttes de pluie sur la pierre : C’est pour elle ! Et je me sentais plus vigoureux le soir que le matin. Ah ! c’est un bon repos que l’amour tranquille dans le cœur !

Et à la maison tout le monde était gai, jusqu’aux petits.

IV.

Ma mère avait fait des beignets et des gaufres de sarrasin pour le jour de la noce, qui était le mardi de la Saint Jean d’été. Elle avait invité les parents, garçons et filles, qui étaient au village ou répandus ici et là dans les hameaux. Il y en avait une douzaine, petits ou grands, tant fils et filles du coquetier que d’autres. Les tailleuses étaient venues faire la