Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cabris, quand j’eus répondu que non, et que je n’avais jamais pensé à me marier.

Alors, quand je fus seul avec ma mère, elle profita de ce que nous n’étions que nous deux, et elle me raconta ce qui s’était passé pendant mon absence à la maison, en se dépêchant et en parlant bas pour ne pas faire pleurer Denise.

XI.

« Ah ! mon pauvre Claude, commença-t-elle par me dire, que j’ai donc eu tort et que j’ai besoin d’être pardonnée par toi Il ne faut jamais vouloir autrement que le bon Dieu veut, vois-tu, mon garçon, ou bien tôt ou tard notre volonté est écrasée sous la sienne. Tu aimais Denise, Denise t’aimait ; j’ai voulu autrement que vous j’ai trop aimé mon pauvre Gratien. C’était bien naturel, puisqu’il était le plus affligé de mes enfants ; j’ai pensé qu’il n’y avait que Denise qui pût le consoler dans sa triste vie. Elle m’a obéi par sacrifice, la bonne fille ! Elle m’a dit : — Ma tante, j’épouserai celui que vous me direz, puisque je vous dois tout et que vous êtes comme