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VII.

Et plus le temps s’écoulait, et plus ces pensées se cramponnaient à mon esprit, comme ces lierres qui se cramponnent d’autant plus à ces murs qu’ils vieillissent plus. Enfin je n’y pouvais quelquefois plus tenir. Je me disais : Allons, retournons-y demain ; n’y a-t-il pas sept ans ? N’est-il pas tombé assez de neige et de feuilles mortes sur le sentier où nous nous sommes dit adieu, Denise et moi ? Pense-t-elle à moi seulement, maintenant, autrement que comme une sœur pense à un frère absent ? N’est-elle pas mariée et heureuse depuis si longtemps ? N’a-t-elle pas plusieurs petits qui pendent à sa robe ou qu’elle porte sur son sein en allant aux roches ? Cette idée, que nous avions eue autrefois l’un pour l’autre, n’est-elle pas passée des milliers de fois de son cœur, comme l’eau de la neige fondue au printemps a passé des milliers de fois dans le lit du ravin ? Peut-être qu’ils seront bien aises de me revoir, au contraire ? Peut-être que ma mère me de-