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et le petit gazouillement du ruisseau sur les cailloux de son lit empêchaient Claude dé m’entendre. Il était au pied d’un sorbier dont les feuilles légères et découpées laissaient pleuvoir sur lui et sur l’herbe autour de lui de légers rayons du soleil dans l’ombre, comme des lucioles vivantes se poursuivant la nuit sur le bord d’un large fossé. Des multitudes d’oiseaux chantaient, sifflaient, gazouillaient, volaient parmi les branches de chêne, de frêne, de hêtre, de cerisier sauvage au-dessus de sa tête. Des fleurs de ténèbres et d’humidité nuançaient çà et là le tapis déchiré de gazon, et pendaient en touffes et en bouquets jusque sur le lit du ravin comme pour respirer l’eau qu’elles parfumaient à leur tour. L’air du midi tombant d’un ciel calme et embrasé s’insinuait à travers ce dôme d’arbustes et attiédissait la fraîcheur ordinaire du ravin. On ne voyait à travers les branches que de petits pans de ciel bleu qui faisaient paraître la verdure des feuilles plus crue et plus foncée en contraste avec le firmament. Les moucherons s’échappaient par nuages de l’eau chaque fois qu’un oiseau s y abattait pour boire. Ils flottaient comme de petites nuées vivantes au-dessus de l’écume du ravin,