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la voix du prêtre paraissent répéter par leurs mille échos des paroles saintes que pourtant elles ne comprennent pas.

Plus tard je compris mieux ce que me disait le vieillard. En attendant, ses réflexions me calmaient tout en m’étonnant. Ne sachant rien des religions des autres, je me fis à moi-même une règle pour en juger tant bien que mal. Je me dis : Il y a du vrai et du faux dans tout cela ; il y a de Dieu, il y a des hommes. Comment faire pour séparer ces vérités de ces mensonges, pour connaître que le Seigneur est ici et que l’homme est là ? Mon Dieu ! c’est bien simple, même pour un pauvre homme il n’y a qu’à voir avec sa conscience où est le bien, où est le mal. Là où est le bien, là est le bon Dieu ; là où est le mal, là est l’homme. La vérité ne peut pas produire le mal, pas plus que la lumière ne peut produire la nuit, ou que la colombe ne peut couver la vipère. La haine, la persécution, le mépris, l’extermination des hommes, rien de cela n’est de Dieu. L’amour du prochain, le support les uns des autres, la compassion, le sacrifice de soi-même, l’adoration d’un seul Dieu d’esprit et de vérité, tout cela est de lui ! et je plaindrai les