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serve oisif maintenant dans un coin de sa ferme, comme un ancêtre du domaine et de la maison, je vis que les branches des mélèzes et des sapins, en grandissant, s’étaient étendues comme des bras au delà d’un mur de clôture qui me sépare d’un chemin de bergers. Le vent, en les agitant sur la crête du mur, avait fini par écorner les pierres, par disjoindre les ciments et par faire à l’enceinte des brèches par où les petits enfants pouvaient grimper pour voler les nids. J’ai des arbres pour les oiseaux autant que pour moi. Les oiseaux sont la poésie des chants, l’hymne de l’air. Si on les tue, qui donc chantera dans la création ? Je ne connais rien de plus triste que de rencontrer sous la tour de l’église, sous le rebord du toit de la maison, ou sur le sable du jardin, sous l’arbre, le nid ravagé d’une hirondelle, d’un pinson ou d’un rossignol, avec les écailles de ses petits œufs gris éparses à terre à côté du duvet que le père et la mère avaient tissé tout un printemps pour les petits.