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pas d’autre catéchisme alors, monsieur, que celui-là pour m’éclairer à travers toutes ces religions que je traversais de contrée en contrée : « Adore et prie avec tout le monde, et ne crois qu’avec toi-même. » Car c’est toujours bon d’adorer et de prier avec les hommes ; mais quelquefois c’est mauvais de croire comme eux quand ils croient des choses contre nature, contre la grandeur et contre la bonté de Dieu ! En un mot, que je me disais laisse dire ceux-ci et ceux-là, sans te disputer avec eux sur ce que tu ne sais pas, ni eux non plus. Crois avec tous ce qui est bien, et ne crois avec personne ce qui est mal ! Voilà le catéchisme d’un pauvre homme que je m’étais fait, monsieur. Et si vous me dites : Mais qui est-ce qui t’apprenait à distinguer ce qui était bien de ce qui était mal ? Ah ! dame, monsieur, je ne saurais pas trop quoi vous répondre. C’était une voix en dedans de moi que je ne faisais pas parler, mais qui parlait de soi-même pour dire oui ou non, sans réplique. C’est cette voix que les savants appellent conscience, et que nous autres, pauvres gens, nous appelons le gros bon sens. Ça ne dispute pas, mais ça ne se trompe pas pourtant ; ça ne sait rien dire, mais ça sait tout juger, voyez--