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les autres ; je priais et je servais tout seul selon mon idée, parce que voyez-vous, j’allais continuellement de chantier en chantier, de ville en ville, d’un pays à un autre, et que je fréquentais toute espèce de société parmi mes pareils, qui avaient toute espèce de religion, ici philosophes, ici catholiques, ici protestants, ici rien du tout. Chacun disait ses raisons et maudissait les autres. Je n’étais pas capable de juger entre eux. Seulement, je me disais en moi-même : Quel malheur et quelle honte que tous ces gens-là se repoussent ainsi les uns les autres au nom de leur père à tous ! Et quel crime et quelle impiété qu’ils invoquent tous les gendarmes, les bourreaux, les échafauds, pour emprisonner, torturer, tuer ceux qui ne voient pas le ciel de la même couleur qu’eux ! Si quelqu’un est véritablement du bon Dieu parmi eux c’est bien sûr le plus miséricordieux. Je n’avais donc