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n’importe laquelle, et qui se mettaient à genoux devant quelque chose, n’importe quoi, pourvu que ce fût de bon cœur et de bonne foi, parce que je me disais à moi-même : « Ceux-là ont deux yeux de dedans comme moi ils voient le bon Dieu sous une figure ou sous une autre ; ils cherchent à le voir, à le connaître et à l’adorer, du moins ! Ça leur fait honneur et ça les rend bons : car on peut bien être faible, mais on ne peut pas être méchant quand on se croit en présence de la suprême bonté. » Je fus content, sans savoir de quoi, quand on rouvrit les temples, et que la nation reconnut un Dieu et tous les cultes qu’on voudrait librement lui rendre. « Ah ! que je me dis, voilà un peuple ; auparavant nous n’étions qu’un troupeau. »

Moi. — Et vous étiez-vous donc fait une religion à vous même, alors, pour honorer et servir Dieu avec ceux-ci ou avec ceux-là, dans une église, dans un temple ou dans une association de frères s’entendant entre eux pour rendre hommage et obéissance au souverain Maître ?

Lui. — Non, monsieur, je ne m’en étais pas fait encore en ce temps-là, ni avec moi-même ni avec