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Lui. — Oh ! pour moi, pas grand chose ; il me faut si peu. Je demandais seulement de vivre en rendant service aux plus malheureux que moi, de passer mon temps honnêtement dans l’état où Dieu m’avait mis sur cette terre, et d’être réuni après avec Denise dans son sein, pour l’aimer et pour nous aimer sans fin. Quant à tout le reste, cela m’était bien égal ; un Dieu, un amour, une éternité, cela suffisait bien à un pauvre paysan comme moi. Je n’ai jamais eu l’ambition de la richesse, ni de la science, ni de commander aux autres. Je ne me suis jamais senti que le besoin d’aimer et de rendre heureux, selon mes forces, autour de moi.

Moi. — Vous dites que vous n’avez jamais eu l’ambition de la science ; cependant cet Être, auquel vous avez pensé depuis que vous êtes né, est la science suprême. Est-ce que vous n’avez jamais cherché à entendre parler de lui par de plus savants que vous ; à savoir les différents noms qu’on lui a donnés dans les différents âges de la terre, dans les différentes langues et dans les différents cultes ? En un mot, vous qui étiez tout amour et tout prière devant notre souverain Maître à tous,