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nais moi-même un instrument qui chantait juste et sur lequel les mains de Dieu pouvaient quasiment jouer en moi !

C’étaient de doux moments à travers mes peines, monsieur ça me faisait quelquefois pleurer des yeux du corps ; mais ça me séchait bien les yeux de l’âme, quand la mémoire de Denise pleurait trop dans mon pauvre cœur.

Et puis je m’habituai ainsi à prier sans fin.

Moi. — Vous croyez donc que le Seigneur est comme un homme qui ne sait pas ce qu’il veut et qui se laisse fléchir d’un côté ou de l’autre par la prière, par les larmes du dernier qui parle ?

Lui. — Oh ! non, monsieur ; mais je crois que le bon Dieu en nous créant pour faire sa volonté, a prévu que nous aurions besoin de ceci, de cela, pendant notre passage sur la terre ou ailleurs, et qu’il a lui-même donné à ses pauvres créatures l’instinct de lui demander ce que nous désirons, ne fût-ce que pour nous maintenir en adoration, en désir et en reconnaissance, perpétuellement devant lui. Il fait ce qu’il veut ; mais, nous autres,