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au monde. Je ne sais pas en quelles paroles ça disait, mais ça me disait : Je suis, je vis, je dure, je crée, je vois, j’écoute, j’aime, je console, je viens, et tout vient à moi, et tout ce qui a commencé en moi finit en moi ! Et, quand tout ce qui a commencé en moi se sera refondu avec moi, tout sera puissant, heureux et éternel par moi et avec moi ! Et je ne suis ni grand ni petit, car je suis tout pour toute chose et pour toute créature ! Et je ne méprise rien, et je ne mesure rien ; et il n’y a devant moi ni chose petite ni chose grande car le grand ou le petit, ça n’existe pas pour moi qui suis sans mesure Et je suis ton père, comme je suis le père du soleil qui est sur ta tête ! Et je suis ta mère, comme je suis la mère des étoiles qui sont au fond de ton firmament ! Et je suis ton juge, comme je suis le juge de tout ce qui accomplit ou transgresse mes lois en intention Et je suis ton ami, comme je suis l’ami de tout ce qui est sorti de ma propre vie pour vivre ! Et je suis ton consolateur, car c’est par ma volonté et pour ma volonté que tu souffres ! Et tu peux me parler comme à un confident, car je t’entends sans que tu parles ! Et je suis en haut et je suis en bas, et je suis avant et je suis après, et je suis la mer où tu peux tout