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ment, je ne le disais pas, de peur qu’on me prît pour un homme qui voulait se rendre singulier. Je prenais des maîtres le prix de ma journée comme un autre. Mais ensuite, quand je voyais un camarade vieilli, cassé, chargé de famille ou bien quand un des jeunes ouvriers avait père, mère et sœurs à nourrir de son marteau ou bien, enfin, quand un d’entre eux avait un accident, une maladie, une absence forcée, alors je travaillais pour eux au chantier, je faisais leur ouvrage, et ils touchaient leur solde comme à l’ordinaire. On m’avait donné le sobriquet du remplaçant dans tous les chantiers, et, si quelqu’un avait un jour à se reposer, il venait naturellement à moi et il me disait : Allons, Claude, il faut un bon garçon à ma place. Et j’y allais, monsieur.

IV.

Vous me direz Pourquoi aviez-vous ainsi renoncé à vous-même, et usiez-vous vos outils, votre temps et votre jeunesse sans songer un peu à l’avenir ? Voici, monsieur : c’est que, perdant l’espérance d’épouser Denise, je m’étais bien résolu de