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chaque respiration sera un reproche et une condamnation de ta dureté pour lui ? Encore une fois, que veux-tu faire ?

— Je veux faire ce que vous commandez, ma mère, coûte que coûte. J’aime mieux Denise que la clarté du ciel dans mes yeux, c’est vrai ! mais j’aime mieux la paix dans la maison, l’obéissance à votre volonté et la grâce de Dieu que mon bonheur même. Ainsi, commandez, ma mère, et je ferai sans murmure ce que vous aurez dit.

— Eh bien ! va-t’en, dit-elle en me passant les deux bras autour du cou en sanglotant sur ma tête ! va-t’en, mon pauvre Claude ! Et elle me retenait pourtant tout en me serrant sur sa poitrine. En levant les yeux vers la fenêtre du fenil, je vis Denise qui avait tout vu, tout entendu, qui s’essuyait les yeux avec le bord de son tablier. J’entendis le mot : « Adieu, Claude ! » à travers la toile et à travers son sanglot. Ça fut dit, monsieur ; je pris mon cœur à deux mains, je pris mon sac au clou, et je descendis la montagne sans me retourner, de peur de ne pas pouvoir en arracher mes pieds, ou