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heureuse ! c’est toi qui as tout fait ! Qu’avais-tu besoin d’être tout le jour pendue à la veste ou à l’ombre de ton fiancé, sans plus penser à l’aveugle que s’il n’existait pas ? Est-ce pour cela que Dieu et moi nous te l’avons fié ?

Elle a raison, Claude, nous sommes bien coupables d’avoir tant pensé, vous à moi, moi à vous, que nous ne pensions plus à personne autre ! Il faut nous punir, ou le bon Dieu nous punira !…

XV.

À ces mots, un frisson de terreur me courut sur le cœur, et je fis signe à Denise de s’arrêter, comme si la peur me faisait deviner ce qu’elle voulait me dire. J’entrevis soudain mon malheur, mais je n’osai me l’avouer, tremblant d’y regarder, et fermant mes yeux et mon cœur comme lorsque je venais au bord de l’abîme, et que, me penchant pour voir le fond, je reculais effrayé.

Nous nous regardâmes, Denise et moi, en nous serrant les mains et en pleurant puis nous rentrâmes à l’étable.