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gniers. On ne reconnaît plus leurs traces qu’à la voix lointaine du bouvier, qui encourage ses bêtes à monter encore. Ces voix, grossies par le dôme des châtaigniers et répercutées de tronc d’arbre en tronc d’arbre, mêlées aux hennissements des poulains dans les prés, aux mugissements des bœufs couchés dans les hautes herbes, aux bêlements des moutons, aux chevrotements des boucs, aux gloussements des poules, aux chants des oiseaux dans les buissons, aux gémissements des essieux criards de la charrue dans le sillon, aux chutes de l’eau des écluses auprès des moulins, aux tintements de la cloche qui sonne l’Angélus du matin, du midi et du soir aux laboureurs et aux bergers à l’ouvrage, remplissent ce bassin sonore, entre les deux chaînes, d’un murmure pareil à celui de ces coquillages de mer que l’on approche de son oreille pour entendre l’éternel retentissement des mers.

Plus haut enfin, les groupes de châtaigniers et de hêtres entrecoupés de champs de bruyères violettes et de genêts aux fleurs jaunes hérissent les mamelons supérieurs puis la végétation s’appauvrit aux souffles trop frissonnants des régions froides, ou contracte la stérilité du rocher. Les