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mon ombre. Denise, de son côté, n’était plus tout à fait la même aux champs, à l’étable, autour du foyer. Elle se peignait bien plus longtemps à sa fenêtre, devant le miroir que je lui avais acheté. Elle se lavait bien plus souvent les pieds, les mains, le visage, dans le bassin de la fontaine, quand la poussière du foin ou de l’orge battue dans la grange l’avait tant soit peu poudroyée. Ses chemises de gros chanvre étaient bien mieux plissées sur le devant de sa taille depuis que je lui avais donné son fer à repasser. Quelquefois même elle se laissait complaisamment mettre des fleurs blanches de ronces dans ses cheveux. Oh ! si tu pouvais la voir comme elle est belle avec sa fleur de buisson disait Annette au pauvre aveugle ; et elle lui racontait la beauté de sa cousine, et comment les fleurs de ronces luisaient comme une étoile sur les cheveux de Denise, et comment les feuilles en retombant jetaient de petites ombres sur ses joues.

VI.

Il paraît que Denise trouvait aussi les jours longs à la maison comme je les trouvais longs à la car-