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terdits depuis vingt-cinq ans par moi à la serpe de l’émondeur d’arbres, penchés des deux bords de la rivière sur l’eau qu’ils aiment et qui les aime, forment, en s’entrelaçant sur son cours, une voûte élevée, flottante, capricieuse, de feuillages de toutes les teintes, véritable mosaïque de végétation. La moindre haleine de vent d’été balance tout ce rideau mobile et fait sortir des ondoiements, des souffles, des moires de feuillage, des volées d’oiseaux et des senteurs végétales qui désennuient les yeux, qui varient l’aspect et qui montent en légers bruits et en fugitives odeurs jusqu’à la galerie.

IX.

Après la rivière et la prairie, le regard commence à remonter par étages les flancs gras et renflés de la haute chaîne de collines qui sépare la vallée de Saint-Point de l’horizon du Mâconnais, de la Bresse, du Jura et des Alpes. Ce sont d’abord de grandes terres rougeâtres, profondes de sol, opulentes de végétation forte comme les fèves en fleur, les betteraves à larges feuilles vernissées, les pizettes touffues, sur