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avait ses pieds tout mouillés et tout grelottants dans l’herbe, qui craquait sous la gelée blanche. Sa robe de laine noire était froissée et collée contre elle par la rosée. Ses cheveux étaient aplatis d’un côté de sa tête comme ceux de quelqu’un qui s’est couché la tête sur le bras, et de l’autre côté ils étaient échappés de sa coiffe de dentelle noire, et tout parsemés de feuilles mortes et de brins de mousse jaune, comme un agneau qui a traversé les ronces. Le tour de ses yeux était noir et bleu on aurait dit qu’elle avait reçu un coup de corne de ses cabris. Elle baissait ses paupières il pendait une goutte d’eau à chaque cil. Dieu ! que je me dis, est-ce là Denise ? Le cœur me fendit. J’essayai d’ouvrir les lèvres pour lui dire bonjour et adieu, au moins sans rancune ; mais je ne pus pas, la poitrine m’entre-sautait. Je restai sans pouvoir avancer ni reculer, et sans parole, comme un fantôme qui serait sorti du bois.

XVI.

Mais Denise fit un mouvement de ses deux bras vers son cou pour en détacher son collier de ruban