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dit-elle, fais voir semblant toi-même de t’en aller demain pour ton tour de France, et tu verras si elle est bien aise ou si elle est fâchée. — Eh bien, je ne ferai pas semblant, je m’en irai tout de bon, repris-je ; et j’allai tout triste m’asseoir sur la margelle du puits.

XI.

Le soir, après souper, je dis à ma mère, à mon frère, à ma petite sœur, devant Denise : « Je vous dis bien adieu à tous, je veux devenir un bon compagnon ouvrier. Demain, avant le jour, je pars pour mon tour de France. » Mon frère et ma sœur furent bien fâchés. Ma mère me donna devant eux le bâton à manche de cuir incrusté de clous à tête de cuivre, le tablier fin et les outils de mon père. Je fis mon sac devant eux. Quand Denise vit que je mettais de l’huile sur le cuir de mes souliers, elle s’en alla à la chambre au-dessus de l’étable, et elle ne rentra plus. Tout le monde était triste, excepté ma mère, qui se doutait bien que je n’irais pas loin.