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rend curieux. L’homme seul cherche la compagnie de Dieu. Quand j’étais là, enseveli dans le creux de la montagne, après midi, me reposant un moment au soleil, rien qu’avec mon petit chien couché sur ma veste, mon cœur montait en haut, comme s’il avait des ailes ; je regardais le bleu du ciel au-dessus des sapins, où tournoyaient les aigles, et je disais en moi au bon Dieu : Entendez-vous la prière de l’homme qui monte à vous du creux de la colline, vous, Seigneur, qui entendez le bruit des ailes de la mouche et les battements du cœur de ces moucherons noyés dans un rayon de votre soleil ?

Et puis je pensais aux Huttes, à ma mère, à mon frère, à Denise, à tout enfin. J’étais content, et pourtant quelquefois aussi je devenais triste, et ma mère, quand je rentrais, me disait : Qu’as-tu ? Je lui répondais Je ne sais pas. Et en vérité je ne savais pas bien alors. C’était comme une ombre sur mon cœur, qui l’empêchait de fleurir dans son printemps.