Page:Lamartine - Le tailleur de pierres de Saint-Point, ed Lecou, Furne, Pagnerre, 1851.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la tête aussi doucement que le carillon lointain du village. On dirait que mon maillet est un battant et que ma pierre est le bord d’airain d’une cloche. Vous ne sauriez croire combien ce son encourage à l’ouvrage. Les soldats ont besoin de battre le tambour pour se faire cœur à la route ; les matelots ont besoin de chanter pour se donner force à tirer leurs ancres ou leurs cordages. Nous autres, monsieur, nous n’avons pas besoin de cela ; notre ouvrage règle les coups du marteau et chante tout cela pour nous. Ah ! c’est un beau son, allez, que celui d’une dalle mince de marbre, de granit ou de grès, ou d’une auge de pierre tendre creusée pour recevoir l’eau et qu’on polit avec la boucharde. Il semble qu’on entend d’avance le retentissement des pas des hommes pieux qui marcheront dessus et qui seront prolongés par les voûtes murmurantes d’une église, ou bien qu’on entend d’avance le bouillonnement des eaux courantes qui rempliront en écumant l’auge des troupeaux.