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veut. Il ne t’empêche ni de monter, le samedi, à la hutte pour voir ta mère, Denise et les bêtes, ni de faucher les foins, ni de sarcler les blés, ni de piocher la montagne, ni de battre les arbres avec eux ; et puis, bien que tu ne vendes pas cher tes meules aux rémouleurs, aux forgerons et aux moissonneurs du pays, cependant tu gagnes honnêtement ta journée et le pain de ton frère et de ta petite sœur, qui ne peuvent pas travailler à la maison. Ces pensées me donnaient du courage il n’y avait plus de lits de pierre assez dure pour me résister.

VI.

D’ailleurs, il faut tout dire, j’aimais l’état, j’aimais le creux des carrières, le ventre de la montagne, les entrailles secrètes de la terre, comme ces matelots que j’ai connus à Marseille aiment le creux des vagues, le fond de la mer, l’écume des écueils, comme les bergers aiment le dessus des montagnes, comme les bûcherons aiment à plonger leur hache saignante de sève dans le tronc fendu des vieux chênes et des châtaigniers. Dieu a donné à chacun son goût pour