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c’était quand nous allions aux genêts dans la montagne couper des fagots pour l’hiver, et que la mère lui en mettait un sur le dos, long comme un tronc de cerisier avec toutes ses feuilles et toutes ses fleurs au bout pour le ravaler en descendant jusqu’à la maison. Vous eussiez dit, en voyant ce visage de jeune fille courbé sous le poids de ce long rameau qui balayait la terre à dix pas derrière elle, en bruissant et en semant ses grappes effeuillées sur sa trace, qu’une fée s’était tout à coup levée de terre pour emporter le tapis du champ où elle avait dormi la nuit ou bien vous auriez cru voir un de ces beaux paons que vous avez dans votre jardin, à visage de femme, traînant et déroulant au soleil une longue queue verte avec ses yeux bleus et jaunes qu’il aurait semés sur l’herbe derrière lui.

XI.

Mais elle était bien jolie aussi l’hiver, quand elle allumait les fagots le soir, à la veillée, dans l’âtre, agenouillée devant le gros chenet de cuivre, et que, la flamme des genêts lui colorant tout à coup son vi-