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sait, le pauvre enfant ! Et quand la toilette de Denise était faite, et qu’elle avait mis ses souliers et sa robe de laine noire, nous allions tous les trois nous promener dans les orges, cueillir des coquelicots, ou bien nous asseoir, les jambes pendantes, sous les châtaigniers, au bord du ravin où l’eau sanglote car ça plaisait, à l’enfant aveugle d’entendre au moins chanter l’eau, tomber les châtaignes oubliées aux branches sur l’herbe au souffle chaud du vent du printemps, ou partir les merles, qui rasaient son visage du vent de leurs ailes en sifflant.

X.

Mais je la trouvais bien quasi aussi avenante les jours ouvriers, quand elle n’avait ni sa robe des dimanches, ni ses souliers d’été, ni ses sabots d’hiver, ni ses cheveux lissés et bien relevés derrière son cou par son ruban de velours rouge ; son sarrau de laine de mouton noir tissé par elle pendant l’hiver avec la navette, serré autour de sa taille par une agrafe de corne, et qui lui tombait à gros plis jusqu’aux chevilles du pied ; sa chemise de toile de