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III.

Moi. — Vous ne m’avez pas dit, Claude, comment ce hameau des Huttes, dont vous êtes aujourd’hui le seul habitant, avait été ainsi abandonné aux ronces et aux lierres ; et comment tous les hommes, toutes les femmes et tous les enfants s’en étaient écoulés, comme l’eau qui fuit d’une écluse quand un orage emporte la digue en laissant le poisson mort dans le sable sec au fond. Vous ne m’avez pas dit non plus qui est-ce qui avait anciennement roulé ces grosses pierres brutes autour de cette petite enceinte de terre plus profonde, construit cette croix à trois pierres, et élevé ces cinq ou six monticules de gazon que vous ne fauchez pas comme le reste, et qui ressemblent tant à des tombes du cimetière de Saint-Point, que je vois verdoyer sous ma fenêtre.

Lui. — Que voulez-vous que je vous dise, monsieur ? La terre parle bien d’elle-même. Là où l’on voit le dos d’un sillon, on peut bien dire qu’il y a eu un épi et un coquelicot, n’est-ce pas ? Là où l’on