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On ne les analyse pas, on les éprouve. Qui ne s’est pas dit, en approchant de certains hommes : Je me sens meilleur auprès de lui ?


II.


Je contins toute la semaine mon impatience de revoir Claude et de causer à mon aise avec lui, dans la crainte de le déranger de son ouvrage pendant les jours de travail, et de nuire ainsi aux bonnes œuvres dont il remplissait ses journées pour le prochain. Mais le dimanche venu, je remontai, pour ainsi dire instinctivement, aux Huttes, et je trouvai Claude à la même place où je l’avais laissé dans l’enclos. Seulement, il n’était pas endormi cette fois au soleil, au milieu de son herbe en fleur. Il avait fauché sa maigre pelouse pendant la semaine. Il achevait de relever avec le râteau le foin sec et odorant en petits monceaux qu’il rapporterait, à son heure, à l’abri dans sa cabane, pour nourrir ses bêtes l’hiver. Comme il y avait eu de fortes rosées le matin, il craignait pour la soirée et pour le lendemain quelque pluie d’orage, et il en-