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VI.


Bientôt cependant on respire plus d’air, on sent l’impression de plus de jour dans l’œil, on mesure un pan de ciel de plus entre les cimes des deux chaînes de collines ; les prés s’étendent, les pentes au-dessus s’adoucissent, la vallée s’ouvre, ses deux flancs se creusent, comme les flancs d’une amphore antique, pour contenir plus d’espace, de lumière et de végétation. On traverse un petit hameau caché sous les saules, appelé Bourg-Vilain, du nom de son ancienne servitude. Ce n’était dans l’origine qu’un groupe d’étables où les bouviers et les chevriers du canton abritaient leur bétail quand la neige couvrait les prés. Peu à peu les étables sont devenues des chaumières, ces chaumières des maisonnettes ; une église rustique, surmontée d’une grosse tour carrée et bâtie de blocs de granit irrégulièrement posés les uns sur les autres, est venue les dominer. Maintenant de petits jardins entourés d’une haie d’osier vivant verdissent autour de ces chaumières, la chaux vive crépit proprement les murs, la vitre