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Moi. — Pourtant il a fait les vallées et les plaines aussi.

Lui. — C’est vrai ; mais les montagnes sont plus près du ciel.

Moi. — Mais n’y a-t-il pas, Claude, une autre raison que vous ne me dites pas, et qui fait que vous vivez seul ici avec vos chevreaux et vos brebis, et que vous faites tous les jours deux lieues pour descendre et deux lieues pour remonter à votre ancienne maison ?

Lui, en se levant et en regardant les tombes vertes.

— C’est vrai, monsieur ; mais de ça, n’en parlons pas ça vous ferait peine, et à moi aussi. Voilà le soleil qui est tout à fait couché derrière la montagne où vos bois noircissent. Vous n’aurez que le temps de redescendre avant la nuit noire dans la vallée.

Moi. — Je l’avais oublié en causant avec vous, Claude ; quand on a découvert une bonne source à l’ombre, en marchant dans ces solitudes, on s’y oublie quelquefois plus que l’heure ne le voudrait. J’ai fait comme cela aujourd’hui. Je vous pardonne d’avoir