Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Fayette ? est-il dupe ou complice ? comment laisse-t-il libres les avenues de ce palais qui ne s’ouvriront que pour la vengeance ou pour la fuite ? Qu’attendons-nous pour achever la révolution dont nous laissons l’ennemi couronné attendre, au milieu de nous, l’heure de la surprendre et de l’anéantir ? Ne voyez-vous pas que le numéraire disparaît, qu’on discrédite les assignats ? Que signifient sur vos frontières ces rassemblements d’émigrés et ces armées qui s’avancent pour vous étouffer dans un cercle de fer ? Que font donc vos ministres ? Comment les biens des émigrés ne sont-ils pas confisqués ? leurs maisons brûlées ? leurs têtes mises à prix ? Dans quelles mains sont les armes ? Dans les mains des traîtres ! Qui commande vos troupes ? Des traîtres ! Qui tient les clefs de vos places fortes ? Des traîtres, des traîtres, partout des traîtres ! et, dans ce palais de la trahison, le roi des traîtres ! le traître inviolable et couronné, le roi ! Il affecte l’amour de la constitution, vous dit-on ? piége ! Il vient à l’Assemblée ? piége ! c’est pour mieux voiler sa fuite ! Veillez ! veillez ! Un grand coup se prépare, il va éclater ; si vous ne le prévenez pas par un coup plus soudain et plus terrible, c’en est fait du peuple et de la liberté. »


II

Ces déclamations n’étaient pas toutes sans fondement. Le roi, honnête et bon, ne conspirait pas contre son