Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par son instinct, ne pouvait mettre la main sur un homme qui le représentât plus fidèlement.


XXII

Le marquis de La Fayette était patricien, possesseur d’une immense fortune, et allié par sa femme, fille du duc d’Ayen, aux plus grandes familles de la cour. Né à Chavagnac en Auvergne, le 6 septembre 1757, marié à seize ans, un précoce instinct de renommée l’avait poussé, en 1777, hors de sa patrie. C’était l’époque de la guerre de l’indépendance d’Amérique ; le nom de Washington retentissait sur les deux continents. Un adolescent rêva la même destinée pour lui dans les délices de la cour amollie de Louis XV ; cet adolescent, c’était La Fayette. Il arma secrètement deux navires, les chargea d’armes et de munitions pour les insurgents, et arriva à Charlestown. Washington l’accueillit comme il eût accueilli un secours avoué de la France. C’était la France moins son drapeau. La Fayette et les jeunes officiers qui le suivirent constataient les vœux secrets d’un grand peuple pour l’indépendance d’un nouveau monde. Le général américain employa M. de La Fayette dans cette longue guerre dont les moindres combats prenaient, en traversant les mers, l’importance de grandes batailles. La guerre d’Amérique, plus remarquable par les résultats que par les campagnes, était plus propre à former des républicains que des guerriers.