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dent de voter pour ou contre l’admission aux honneurs de la séance, se lève en nombre égal pour ou contre cette proposition. Les secrétaires, juges de ces décisions, hésitent à prononcer. Ils prononcent enfin, après deux épreuves, que la majorité est pour l’admission des Suisses ; mais la minorité proteste : l’arrêt est cassé. On demande l’appel nominal. L’appel nominal prononce encore, à une faible majorité, que les soldats vont être admis aux honneurs de la séance. Ils entrent par une porte aux applaudissements de délire des tribunes. L’infortuné Gouvion sort au même instant par la porte opposée, la rougeur sur le front, la mort dans ses pensées. Il jure qu’il ne rentrera jamais dans une assemblée où l’on force un frère à voir et à féliciter les assassins de son frère. Il va de ce pas demander au ministre de la guerre son envoi à l’armée du Nord pour y mourir, et il y meurt.


XIX

Cependant on introduit les soldats. Collot-d’Herbois les présente à l’admiration des tribunes. Les gardes nationaux de Versailles, qui leur ont fait cortége jusqu’à l’Assemblée, défilent dans la salle au bruit des tambours et aux cris de « Vive la nation ! » Des groupes de citoyens et de femmes de Paris, faisant flotter sur leurs têtes des drapeaux tricolores et brandissant des piques, les suivent ; puis, les membres des sociétés populaires de Paris présentent au président