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Jourdan, impatients de voir que l’amnistie ne le délivrait pas assez vite, ont forcé sa prison à Avignon. Déjà on l’a reçu en triomphe dans quelques villes du Midi, comme les Suisses de Châteauvieux. Il arrive à Paris demain. Il sera dimanche à la fête avec ses compagnons, avec les deux Mainvieille, avec Pegtavin, avec tous ces scélérats de sang-froid qui ont tué dans une nuit soixante-huit personnes sans défense et violé les femmes avant de les égorger ! Catilina ! Céthégus ! marchez ! Les soldats de Sylla sont dans la ville, et le consul lui-même entreprend de désarmer les Romains ! La mesure est comble, elle verse ! »

Pétion se justifia misérablement dans une lettre ; sa faiblesse et sa connivence s’y révèlent sous la multiplicité des excuses. Dans le même moment, Robespierre, montant à la tribune des Jacobins, s’écria : « Vous ne remontez pas à la cause des obstacles qu’on élève à l’expansion des sentiments du peuple. Contre qui croyez-vous avoir à lutter ? Contre l’aristocratie ? Non. Contre la cour ? Non. C’est contre un général destiné depuis longtemps par la cour à de grands desseins contre le peuple. Ce n’est pas la garde nationale qui voit avec inquiétude ces préparatifs, c’est le génie de La Fayette qui conspire dans l’état-major ; c’est le génie de La Fayette qui conspire dans le directoire du département ; c’est le génie de La Fayette qui égare dans la capitale tant de bons citoyens qui seraient avec nous sans lui ! La Fayette est le plus dangereux des ennemis de la liberté, parce qu’il est masqué de patriotisme ; c’est lui qui, après avoir fait tout le mal dont il était capable dans l’Assemblée constituante, a feint de se retirer dans ses terres, puis est venu briguer la place de maire de Paris, non pour l’obtenir, mais pour la refuser, afin d’affecter le désintéressement. C’est lui