Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/499

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même sujet, à Pétion, une lettre où la conscience de l’honnête homme bravait héroïquement la popularité du tribun. « Quand le péril est grand, c’est le devoir des honnêtes gens de le signaler aux magistrats, surtout quand ce sont les magistrats eux-mêmes qui le suscitent. Vous avez manqué à la vérité en disant que ces soldats avaient été utiles à la Révolution au 14 juillet, et qu’ils avaient refusé de combattre le peuple de Paris. Il est faux que ces Suisses aient refusé de combattre le peuple de Paris. Il est vrai qu’ils ont assassiné les gardes nationales de Nancy. Vous avez l’audace d’appeler patriotes des hommes qui ont l’insolence de commander au Corps législatif d’envoyer une députation à la fête inventée pour ces rebelles ; ce sont ces hommes que vous prenez pour amis, c’est avec eux que vous allez dîner secrètement à la Rapée, tellement que le général de la garde nationale est obligé de galoper deux heures dans Paris, pour prendre vos ordres, sans pouvoir vous découvrir. Vous cachez en vain votre embarras sous vos phrases traînantes. Vous masquez en vain cette fête à des assassins sous les apparences d’une fête à la liberté. Ces subterfuges ne sont plus de saison. Le moment presse : vous ne tromperez ni les sections, ni l’armée, ni les quatre-vingt-trois départements. Ceux qui vous mènent comme un enfant entendent livrer Paris à dix mille piques, auxquelles on doit ouvrir la barre de l’Assemblée nationale le jour même où la garde nationale sera désarmée. Les hommes qui doivent les porter arrivent tous les jours. Douze ou quinze cents bandits entrent par vingt-quatre heures dans Paris. Ils mendient en attendant le pillage. Ce sont les corbeaux que le carnage attire. Je n’ai pas tout dit : à cette hideuse armée les généraux sont préparés. Les amis de