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de ceux-ci, depuis qu’ils dominaient l’Assemblée. Il formait, avec Pétion et quelques hommes obscurs, un petit groupe d’opposition radicalement démocratique, qui encourageait les Jacobins au dehors, et qui menaçait Barnave et les Lameth toutes les fois qu’ils étaient tentés de s’arrêter. Pétion et Robespierre, dans l’Assemblée, Brissot et Danton, au club des Jacobins, formaient le germe du parti nouveau qui allait accélérer le mouvement et le convertir bientôt en convulsions et en catastrophes.

La popularité était le but de Pétion : il l’atteignit plus vite que Robespierre. Avocat sans talent, mais probe, n’ayant pris de la philosophie que les sophismes du Contrat social, jeune, beau, patriote, il était destiné à devenir une de ces idoles complaisantes dont le peuple fait ce qu’il veut, excepté un homme ; son crédit dans la rue et chez les Jacobins lui donnait une certaine autorité dans l’Assemblée ; on l’écoutait comme un écho significatif des volontés du dehors. Robespierre affectait de le respecter.


XIX

On achevait la constitution : le pouvoir royal n’y subsistait plus que de nom ; le roi n’était que l’exécuteur des ordres de la représentation nationale ; ses ministres n’étaient que des otages responsables entre les mains de l’Assemblée. On sentait les vices de cette constitution avant de l’avoir achevée. Votée dans la colère des partis, elle n’était