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de ligne obéit. Cette victoire enhardit la garde nationale : dans la nuit elle force le directoire à donner l’ordre aux troupes de sortir de la ville et d’évacuer le département. La garde nationale, rangée en bataille sur la place de Mende, voit d’heure en heure ses rangs se grossir des détachements des municipalités voisines, qui descendent des montagnes armés de fusils de chasse, de faux, de socs de charrue. Les troupes vont être massacrées, si elles ne profitent des ombres de la nuit pour se retirer. Elles sortent de la ville aux cris de victoire des royalistes. La journée suivante ne fut qu’une suite de fêtes par lesquelles les royalistes de la ville et ceux des campagnes célébrèrent le triomphe commun et fraternisèrent ensemble. On insulta à tous les signes de la Révolution, on bafoua la constitution, on saccagea la salle des Jacobins, on brûla les maisons des principaux membres de ce club odieux, on en emprisonna quelques-uns ; mais la vengeance se borna à l’outrage. Le peuple, modéré par ses gentilshommes et par ses curés, épargna le sang de ses ennemis.


XIII

Pendant que la liberté humiliée était menacée dans le Midi, elle assassinait dans l’Ouest. Un des foyers les plus bouillonnants du jacobinisme, c’était Brest. Le voisinage de la Vendée, qui faisait craindre à cette ville la contre-révolution toujours menaçante, la présence de la flotte com-