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taient les populations. Le parti contre-révolutionnaire s’alliait partout avec le clergé. Ils avaient les mêmes ennemis, ils conspiraient contre la même cause. Depuis que les prêtres non assermentés étaient dépossédés, l’intérêt d’une partie du peuple, surtout dans les campagnes, s’attachait à eux. La persécution est si odieuse à l’esprit public, que son apparence même séduit les cœurs généreux. L’esprit humain a un penchant à croire que la justice est du côté des proscrits. Les prêtres n’étaient pas encore persécutés, mais ils étaient humiliés. L’irritation sourde entretenue par le clergé a été plus funeste à la Révolution que les conspirations de l’aristocratie émigrée. La conscience est le point le plus sensible de l’homme. Une croyance atteinte ou une religion inquiétée dans l’esprit d’un peuple est la plus implacable des conspirations. C’est avec la main de Dieu, visible dans la main du prêtre, que l’aristocratie souleva la Vendée. De fréquents et sanglants symptômes trahissaient déjà dans l’Ouest et dans la Normandie ce foyer couvert de la guerre religieuse.

Le plus terrible de ces symptômes éclata à Caen. L’abbé Fauchet était évêque constitutionnel du Calvados. La célébrité même de son nom, le patriotisme exalté de ses opinions, l’éclat de sa renommée révolutionnaire, sa parole enfin et ses écrits, semés avec profusion dans son diocèse, étaient une cause d’agitation plus intense dans le Calvados qu’ailleurs.

Fauchet, que la conformité d’opinions, l’honnêteté de ses passions rénovatrices et les illusions mêmes de son imagination devaient plus tard associer aux actes et à l’échafaud des Girondins, était né à Dornes, dans l’ancienne province du Nivernais. Il embrassa l’état ecclésiastique, entra