Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 9.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

né à Saint-Émilion, dans les environs de Bordeaux, avocat célèbre avant l’âge où les hommes ont eu le temps de se faire une renommée, impatiemment attendu par la tribune politique, arrivé enfin à l’Assemblée législative, disciple de Brissot, moins profond, aussi courageux, plus éloquent que lui, intimement uni avec Gensonné et Vergniaud, que le même âge, les mêmes passions, la même patrie rapprochaient, doué d’une âme forte et d’une parole entraînante, également propre à résister au mouvement d’une assemblée populaire ou à la précipiter vers le dénoûment, relevait tous ces dons de l’intelligence par une de ces physionomies méridionales où la passion s’allume du même feu que le discours.

« On vient de parler d’un congrès, dit-il ; quel est donc ce complot formé contre nous, et jusqu’à quand souffrirons-nous qu’on nous fatigue par ces manœuvres et qu’on nous outrage par ces espérances ? Y ont-ils bien pensé, ceux qui le trament ? La seule idée de la possibilité d’une capitulation de la liberté pourrait porter au crime les mécontents qui en auraient l’espérance, et ce sont les crimes qu’il faut prévenir. Apprenons donc à tous ces princes que la nation est résolue de maintenir sa constitution tout entière ou de périr tout entière avec elle ! En un mot, marquons d’avance une place aux traîtres, et que cette place soit l’échafaud ! Je propose à l’instant même de décréter que la nation regarde comme infâmes, traîtres à la patrie, coupables de crime de lèse-nation, tout agent du pouvoir exécutif, tout Français (plusieurs voix : tout législateur) qui prendraient part, soit directement, soit indirectement, à un congrès dont l’objet serait d’obtenir une modification à la constitution, ou une médiation entre la France et les rebelles. »