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verains réunis en concert, disait l’empereur, pour le maintien de la tranquillité publique et pour l’honneur et la sûreté des couronnes… » Ces mois agitent les esprits, on en cherche le sens ; on se demande comment l’empereur, beau-frère et allié de Louis XVI, lui parle pour la première fois de ce concert formé entre les souverains. Et contre qui, si ce n’est contre la Révolution ? Et comment les ministres et les ambassadeurs de la Révolution l’avaient-ils ignoré, s’il existait ? Et comment l’avaient-ils caché à la nation, s’ils l’avaient su ? Il y avait donc une double diplomatie, dont l’une ourdissait ses trames contre l’autre ? Le comité autrichien n’était donc point un rêve des factieux ? Il y avait donc dans la diplomatie officielle impéritie ou trahison, ou peut-être l’une et l’autre à la fois ? On parlait du congrès projeté ; on se demandait s’il pouvait avoir un autre objet que d’imposer des modifications à la constitution de la France. On s’indignait à la seule pensée de céder une lettre de la constitution aux exigences de l’Europe monarchique.


II

C’est dans cette émotion des esprits que le comité diplomatique, par l’organe du Girondin Gensonné, présenta son rapport sur l’état de nos relations avec l’empereur. Gensonné, avocat de Bordeaux, nommé à l’Assemblée législative le même jour que Guadet et Vergniaud, ses compatriotes et ses amis, composait avec ces députés ce triumvirat de