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la diplomatie sourde du cabinet des Tuileries et de l’empereur Léopold, qui cherchait en vain à ajourner le dénoûment, allait se voir déjouer par l’impatience des Girondins et par la mort de Léopold. Ce prince philosophe allait emporter avec lui tous les désirs de conciliation et toutes les espérances de paix. Lui seul contenait l’Allemagne. M. de Narbonne déjouait, par des démonstrations publiques, les négociations secrètes de son collègue, M. de Lessart, pour temporiser et pour faire aboutir les différends de la France et de l’Europe à un congrès.

Le comité diplomatique de l’Assemblée, poussé par Narbonne et peuplé de Girondins, proposait des résolutions décisives. Ce comité, établi par l’Assemblée constituante et influencé par la haute pensée de Mirabeau, interpellait les ministres sur toutes les relations extérieures. La diplomatie était ainsi dévoilée, les négociations brisées, les transactions et les combinaisons impossibles ; les cabinets de l’Europe étaient sans cesse cités à la tribune de Paris. Les Girondins, meneurs actuels de ce comité, n’avaient ni les lumières ni la réserve nécessaires pour manier, sans les rompre, les fils d’une diplomatie compliquée. Un discours leur comptait plus qu’une négociation. Peu leur importait le retentissement de leur parole dans les cabinets étrangers, pourvu qu’elle retentît bien dans la salle et dans les tribunes. D’ailleurs ils voulaient la guerre ; ils se trouvaient hommes d’État en brisant d’un seul coup la paix de l’Europe. Étrangers à la politique, ils se disaient habiles parce qu’ils se sentaient sans scrupules. En affectant l’indifférence de Machiavel, ils se croyaient sa profondeur.

L’empereur Léopold, par un office du 21 décembre, donna prétexte à une explosion de l’Assemblée : « Les sou-