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cher la constitution. Quant à moi, je saisis cette occasion de conjurer les membres de cette assemblée de m’informer de tout ce qu’ils croiront utile au bien public dans mon administration. Nos intérêts, nos ennemis sont les mêmes. Ce n’est pas seulement la lettre de la constitution qu’on doit exécuter, c’est son esprit. Ce n’est pas s’acquitter qu’il faut, c’est réussir !… Vous verrez que le ministre est convaincu qu’il n’y a point de salut pour la liberté si le bien ne s’opère avec vous et par vous. Cessez donc un moment de vous défier de nous. Vous nous condamnerez après si nous l’avons mérité ; mais avant, vous nous donnerez avec confiance les moyens de vous servir. »

De telles paroles allaient au cœur des hommes les plus prévenus. On en votait l’impression et l’envoi aux départements. Pour cimenter cette réconciliation du roi et de la nation, M. de Narbonne se rendit dans les comités de l’Assemblée, y communiqua ses plans, y discuta ses mesures, y rallia d’avance les esprits à ses résolutions. C’était l’esprit de la constitution que ce gouvernement en commun. Les autres ministres y voyaient une humiliation du pouvoir exécutif et une abdication de la royauté. M. de Narbonne y voyait le seul moyen de reconquérir l’esprit de la nation au roi. L’opinion avait détrôné la royauté ; c’était à l’opinion seule qu’il fallait demander de la raffermir. Il se faisait le ministre de l’opinion.

Au moment où l’empereur fit communiquer au roi un message menaçant pour la sécurité des frontières, et où le roi en personne communiqua à l’Assemblée ses dispositions énergiques, M. de Narbonne, rentrant, après la sortie du roi, dans l’Assemblée, monta à la tribune : « Je vais partir, disait-il, pour visiter nos frontières, non que je croie fon-